Comment la cité survit-elle au retrait romain?

canalisation en remploi dans le quartier ouest

 

 

 

lampe à huile décorée du chrisme

 

 

chrisme: marque du Christ, formée des deux premières lettres grecques de son nom

Vers la fin du IIIe siècle, l’empire est menacé par les invasions germaniques et les guerres civiles. L’administration romaine évacue les villes de l’intérieur de la Maurétanie Tingitane. A Volubilis, ce retrait se produit vers 285. A partir de cette date, l’évolution de la cité est d’autant plus difficile à cerner que les vestiges tardifs ont été délaissés voire détruits lors des premières fouilles. Jusqu’au début du Ve siècle, la population locale qui n’avait aucune raison de suivre le retrait de l’armée et de l’administration continue d’habiter les quartiers de l’époque romaine. Les maisons sont tout d’abord réparées à l’aide de matériaux de remploi. Puis il semble que le mode de vie romain soit peu à peu abandonné: le plan des maisons est remanié, le tracé des rues est modifié. Les bâtiments publics sont barrés par des murs grossièrement assemblés, signe d’une disparition des institutions romaines.

 

Au VIe siècle, alors que l’aqueduc n’est plus en fonctionnement, la population se réfugie à l’ouest, vers l’oued Khoumane devenu sans doute la principale source d’alimentation en eau. Elle se protège derrière une nouvelle enceinte de 600 mètres de long. Les autres quartiers tombés en ruines servent alors de carrières et de nécropoles. Les tombes sont constituées de sarcophages ou de morceaux de dalles couvertes de pierres plates. Certaines d’entre elles abritent des sépultures chrétiennes: les corps sont couchés sur le dos, la tête orientée à l’est. D’autres vestiges attestent l’existence d’une communauté chrétienne. Quelques objets ont été exhumés, comme un encensoir, une figurine représentant peut-être l’image du bon pasteur, des lampes portant le chrisme. Mais l’origine de ces objets reste incertaine. La découverte de quatre épitaphes chétiennes a longtemps conforté l’hypothèse d’une christianisation tardive de la population volubilitaine. Il semble plutôt qu’il s’agisse d’une petite communauté originaire d’Altava, en Oranie, qui aurait fait souche à Volubilis. Le maintien de la religion chrétienne dans l’ancienne Maurétanie Tingitane jusqu’aux VIe et VIIe siècles est cependant mentionné par Ibn Khaldoun lorsqu’il relate l’arrivée d’Idris à Fès. On peut aussi remarquer que quatre siècles après la disparition de la Tingitane romaine, une partie des Volubilitains conservait l’usage de la langue latine, de l’état-civil romain et du calendrier de l’ancienne province.

 

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carte des étapes d’occupation du site (PDF 50 ko)

une épitaphe chrétienne  (PDF 37 ko)