LES VOLUBILITAINS: une société romanisée
Quels ont été les effets de la romanisation sur l’organisation sociale des Volubilitains?

Un citoyen romain vêtu de la toge

municipe: ville qui bénéficie du droit de cité, et qui conserve ses propres institutions.

évergétisme: manifestation de générosité envers la collectivité, par exemple le financement d’un bâtiment public

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En l’an 44 ou 45, l’empereur Claude accorda le statut de municipe à la cité, récompensant ainsi le soutien que lui avaient apporté les Volubilitains lors de la révolte d’Aedemon. A cette date, la romanisation de la ville était probablement déjà entamée. La création de colonies en Maurétanie avait contribué à répandre partiellement le modèle des institutions romaines. Il semble ainsi que l’édilité existait déjà à Volubilis. Des Volubilitains avaient acquis la citoyenneté romaine à titre individuel depuis deux générations. L’intégration de Volubilis dans le nouvel espace impérial accéléra le processus en cours.

L’épigraphie nous permet de mieux en saisir les effets. La hiérarchie qui se dessine au travers des inscriptions est conforme à l’image de la société traditionnelle romaine. Tout en bas de l’échelle sociale, les esclaves semblent peu nombreux, car l’affranchissement était une pratique fréquente, comme dans le reste de l’empire. Les affranchis pouvaient acheter leur liberté ou l’obtenir de leur maître, qui devenaient alors leur patron. Devenus libres, ils n’avaient cependant pas le statut de citoyens. Certains d’entre eux étaient assez riches pour offrir des dédicaces à leur patron. Des affranchies sont même devenues les épouses de leur ancien maître. D’autres habitants de la ville, étrangers ou non, étaient dépourvus de la citoyenneté romaine, mais pouvaient l’acquérir par faveur de l’empereur. Ainsi, en 212, l’empereur Caracalla l’étendit à tous les hommes libres de l’empire. Le droit de cité ne pouvait s’exercer hors de la ville. Les paysans isolés et les tribus semi-nomades voisines en étaient exclus, à l’exception de quelques chefs que l’on récompensait ainsi de leur soutien.

Sur 488 Volubilitains connus par l’épigraphie, 417 peuvent être identifiés comme citoyens, issus d’Italiens immigrés ou de Maures romanisés. Les citoyens se reconnaissent aux ‘trois noms » (tria nomina) qu’ils portaient: un prénom, un gentilice (nom de la famille), et un surnom. Ils bénéficiaient de certains droits, comme celui du mariage légal qui garantissait la citoyenneté aux enfants du couple. Ils pouvaient participer à la vie municipale, se réunissaient sur le forum pour entendre les discours et élire les magistrats qui géraient la ville. Les citoyens pauvres (humiliores) étaient de conditions variées: domestiques, ouvriers, paysans résidant en ville, anciens soldats, mais aussi petits commerçants et artisans plus aisés. L’accès à la classe sociale supérieure était plus difficile. Les citoyens riches (honestiores) devaient se mettre au service de la cité et manifester leur évergétisme. Ces notables tiraient leur fortune du commerce, de l’artisanat ou de revenus fonciers. Les fermes étaient en effet très nombreuses dans l’arrière-pays. Une partie de cette élite qui monopolisait les magistratures locales a pu parfaire ses ambitions en atteignant le sommet de la hiérarchie impériale: pluisieurs Volubilitains sont ainsi entrés dans les ordres équestre et sénatorial, grâce à leur fortune et à la faveur de l’empereur.