LA MAISON PATRICIENNE: mosaïques et chapiteaux

Quelle est la marque de l’esthétisme romain dans le décor?

animaux marins (maison d’Orphée)

 

panneau de mosaïque géométrique

Par rapport à l’ordre corinthien classique (ci-dessous), avec ses trois rangs superposés de feuilles d’acanthe, ce chapiteau volubilitain de style corinthisant (ci-dessus) ne présente que deux rangées de feuilles, qui peuvent être lisses ou simplement lobées.

cratère dyonisiaque : grand vase aux deux anses en volutes

Néréides : divinités de la mer à forme humaine

mosaïque de Diane et Actéon (maison de Vénus)

Les nombreuses mosaïques qui ornaient les pièces nobles de la domus manifestent la volonté d’agrémenter le cadre de vie. Le plus souvent polychromes, exceptionnellement en noir et blanc, elles se composent d’un motif central et d’une décoration géomètrique ou florale. Les clients choisissaient leur sujet sur des sortes de catalogues. Ces cartons de modèles circulaient dans tout l’empire.

Après commande, le mosaïste local préparait une couche de mortier destinée à recevoir les tesselles. Ces cubes d’environ un cm de côté étaient taillés dans des matériaux divers (marbre, poterie, pâte de verre…) qui offraient une large palette de couleurs.

Le mosaïste reproduisait le sujet principal (emblema) dans des médaillons de formes diverses, puis comblait les vides du pavement à l’aide de motifs tirés de sa propre inspiration. Le thème de la vie quotidienne semble peu prisé à Volubilis. Il n’est repris que dans la maison au Desultor, avec un cavalier-acrobate et une scène de pêche. C’est la mythologie qui a fourni l’essentiel des sujets. Héros et divinités parfois mis en scène sont ainsi fréquemment représentés. Bacchus, dieu du vin, se reconnaît à ses attributs: la couronne de feuilles de vignes et le thyrse (bâton tressé de feuilles). Il est souvent associé aux Quatre Saisons, symboles de l’immortalité. Diane, Neptune, Eole, Vénus, Eros, sont également présents, avec les Néréides, les Centaures ou tritons. Orphée charme les animaux de sa lyre. Les exploits d’Hercule sont évoqués dans les médaillons d’un triclinium. Les animaux constituent un autre motif d’ornement: poissons, coquillages, dauphins, oiseaux, mais aussi animaux plus exotiques (singe, éléphant, panthères, tigres…).

Les végétaux comme le laurier, la fleur de lotus et l’épi de millet sont reproduits sous des formes stylisées. De nombreux motifs reprennent le thème de la pointe qui chasse le mauvais oeil et les influences malfaisantes: le trident, la fourche à cinq dents, les dauphins à deux ou trois queues. D’autres symboles étaient très répandus: le svastika ou croix gammée, les peltes, l’anneau double ou noeud de Salomon, le cratère dionysiaque. C’est surtout dans l’emploi du décor géométrique que les mosaïstes se sont montrés les plus inventifs, en combinant torsades, filets, postes et fleurettes.

Les colonnes et les chapiteaux agrémentaient aussi le décor architectural. Les colonnes de calcaire ou de grès stuqué présentent un fût lisse ou cannelé, parfois torsadé. Les chapiteaux qui les surmontent ont des formes très diverses. Certains sont simplement tronconiques, d’autres s’inspirent des deux ordres classiques, le dorique et le corinthien. Les artisans se sont éloignés des règles classiques en introduisant dans le style corinthisant des éléments géométriques et végétaux, ou des figures à tête humaine. Mosaïques et chapiteaux portent ainsi la marque d’un savoir-faire local qui privilégiait la simplicité mais n’était pas exempt d’originalité.

cliquez pour en savoir +: quelques exemples de motifs de mosaïque géométrique (PDF 420 ko)