LES MONUMENTS PUBLICS : les temples
Quels ont été les effets de la romanisation sur les cultes publics?
A Volubilis, le cute officiel était assuré dans le capitole. Ce monument a été érigé par le gouverneur de la province en 219, d’après une inscription qui y a été découverte. Ce temple de petites dimensions, élevé sur un podium, se dressait au fond d’une aire sacrée délimitée par la basilique au nord et par deux ruelles au sud et à l’est. Un escalier permettait d’accéder au vestibule, avancée couverte délimitée par quatre colonnes en façade et deux colonnes latérales. Au fond de la cella (salle de culte) où n’avaient en général accès que les prêtres, trois niches accueillaient les statues de marbre de la triade capitoline (Jupiter, Junon, Minerve). Selon la conception des Romains, le temple était considéré comme la demeure du dieu qu’il accueillait, et sa statue manifestait sa présence réelle parmi les vivants.
L’aire sacrée était dallée et bordée de portiques. En face de l’escalier se dressait l’autel des sacrifices, devant lequel se réunissait le cortège des fidèles, après la procession et la purification par des ablutions. Là, le prêtre abattait d’un coup de hache ou de couteau le petit ou le gros bétail destiné au sacrifice. La bête était dépecée et l’on examinait ses entrailles. Celles-ci étaient ensuite brûlées sur l’autel. Le reste des chairs était consommé sur place ou vendu dans les boucheries, car le sacrifice consistait à banqueter avec les dieux. Le culte officiel consistait aussi en offrandes, prières, processions, jeux et fêtes. Le capitole et son aire ont été construits en partie sur un sanctuaire à ciel ouvert, le temple anonyme, daté du IIe siècle av. J.-C. Son autel central fait de gros blocs de tuf est toujours visible dans une chapelle située à l’est du capitole.
Le temple C, beaucoup plus petit, a été construit à la même époque et selon le même plan que le capitole sur un niveau préromain. Il semble avoir été détruit après le retrait romain du IIIe siècle.
Le temple B présente des caractéristiques très différentes des précédents. Il est isolé de la zone urbaine au nord-est par un petit ravin. Son plan le rattache aux sanctuaires africains de tradition ex-votolocale. La cour, très vaste, était bordée de plusieurs salles annexes aux fonctions mal définies. A l’est de la cour, des bases carrées alignées le long du mur devaient servir de supports à de petits autels. C’est au voisinage des murs qu’ont été découverts plus de 800 petits ex-voto dépourvus d’inscriptions. La plupart représentent des personnages dans des attitudes qui évoquent l’offrande, le recueillement ou la fécondité. Une nouvelle religion semble avoir remplacé la précédente vers le IIIe siècle. On a ainsi découvert une trentaine de vases contenant les débris calcinés de petits animaux. Ces pratiques religieuses diverses montrent qu’à côté du culte officiel romain subsistaient des croyances populaires enracinées sans doute dans les traditions locales.