LA MAISON PATRICIENNE : la domus africaine

Des maisons romaines ou africaines?

 

péristyle de la maison aux Colonnes

 

péristyle de la maison aux travaux d’Hercule

 

bassin de la maison d’Orphée

 

triclinium de la maison d’Orphée

 

 

domus: nom latin de la grande maison urbaine

clientèle: les protégés d’un patron, auxquels celui-ci distribue quotidiennement des dons en nature ou en argent

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plan d’un triclunium

plans comparés de quelques domus volubilitaines (PDF 226 ko)

plans comparés d’une maison pompéienne et d’une maison volubilitaine
(PDF 299 ko)

plan du quartier nord-est (PDF 257 ko)

La domus est l’un des éléments les plus visibles de la romanisation des élites volubilitaines. Leurs vastes demeures, d’une superficie parfois supérieure à 1500 m², se sont implantées principalement dans le quartier nord-est, à l’origine presque vierge de toute occupation. De plan le plus souvent rectangulaire ou carré, elles possèdent plusieurs accès. L’entrée pincipale se compose d’une grande porte destinée aux litières et d’une ou deux portes pour les piétons. Un vaste vestibule dallé, parfois coudé pour préserver l’intimité de la maison, conduit au péristyle. Cette grande cour à ciel ouvert est entourée de colonnes qui délimitent des portiques. Au milieu du péristyle se trouve un bassin de taille et de forme variées (circulaire, lobé, tréflé,…), parfois agrémenté d’un jet d’eau.

Deux salles de réception plus vastes et plus décorées que les autres s’ouvrent directement sur cette cour. La salle à manger ou triclinium se reconnaît à son entrée à trois baies. Une mosaïque centrale au motif recherché est entourée de mosaïques géométriques sur trois de ses côtés. Celles-ci délimitent l’emplacement de trois lits sur lesquels s’allongeaient les convives. L’autre salle de réception, l’exèdre, est un salon de réception. Le maître y recevait sa clientèle le matin et y réglait ses affaires. D’autres pièces se répartissent autour du péristyle ou le long de couloirs latéraux. Les chambres se reconnaissent parfois à leur mosaïque géométrique occupant l’emplacement du lit contre le mur. A Volubilis, le péristyle est souvent doublé par une autre cour plus petite (atriolum) au bassin carré entouré de quatre colonnes. Cet espace plus intime accueille des chambres qui profitent ainsi de cette deuxième source d’air et de lumière.

La domus comporte de nombreuses autres pièces: cuisines, latrines, celliers, remises, par exemple, mais la rareté des vestiges ne permet pas toujours d’identifier précisément leur fonction. On peut également y trouver des thermes et leurs hypocaustes, construits tardivement. Les riches propriétaires fonciers de ces demeures faisaient souvent aménager une partie artisanale, avec une huilerie ou une boulangerie. La commercialisation s’effectuait dans des boutiques alignées en façade, le long d’une voie passante. Celles-ci pouvaient être aussi louées à d’autres marchands, sans communication directe avec le reste de la maison.

Tous les espaces ainsi décrits n’étaient pas systématiquement présents, et l’on constate une grande variété d’aménagement dans les plans des domus. D’autre part, les vestiges actuels ne permettent pas toujours de saisir les remaniements successifs qui ont affecté leur plan originel au fil du temps. Cependant, on peut relever quelques caratéristiques locales qui distinguent la maison volubilitaine de la maison romaine classique telle qu’on la trouvait à Pompéi par exemple. Ainsi, la présence fréquente de l’atriolum, et l’absence d’atrium: à Volubilis, on pénètre directement dans le péristyle, création grecque que le monde punique avait déjà adoptée. En cela, la maison volubilitaine est plus africaine que romaine. Mais son organisation interne et son décor révèlent une influence manifeste du mode de vie romain.