LA DEFENSE : une diplomatie active
Quelles étaient les relations avec les tribus voisines?
Un autel de paix
« Aux génies des Empereurs Augustes Lucius Septime Sévère Pieux Pertinax, et Marc Aurèle Antonin, et Publius Septime Géta César. Leur procurateur Caius Sertorius Cattianus, s’étant entrenu avec Ililasene, prince de la tribu des Baquates, fils de Vreti prince de la même tribu, la veille des nones de Mars, sous le consulat de Victorinus et de Procolus ».
Cet autel de paix est daté de l’année 200. Les princes baquates qui ont discuté avec le procurateur portent des noms libyques.
d’après une inscription volubilitaine
Les tribus qui vivaient dans la région de Volubilis ne nous sont connues que par quelques inscriptions et par les informations indirectes des auteurs anciens. Sans doute semi-nomades, elles se déplaçaient sur de longues distances et n’ont pas laissé de documents écrits. Les inscriptions mentionnent les Macinites et les Bavares, et surtout les Baquates. Cette tribu aurait pénétré tardivement en Maurétanie Tingitane et se serait fixée dans la périphérie de Volubilis, au moins jusqu’à la fin de l’occupation romaine: le dernière inscription qui les mentionne date de 280. Durant près d’un siècle et demi, des entretiens diplomatiques se sont régulièrement succédé, donnant lieu à chaque fois à l’érection d’ « autels de paix ».
Ces entretiens devaient probablement garantir l’autonomie de ces tribus en échange de la sécurité pour la province. La politique de Rome ne visait pas localement la conquête de terres supplémentaires, ni la soumission de ces peuples nouveaux venus qui vivaient en marge de la province. D’après les sources, il ne semble pas que la région ait souffert de conflits particuliers. Certains des chefs de tribus se sont vus octroyer le droit de cité, et l’un d’entre eux, Aelius Tuccuda, devenu citoyen romain, a même fait ériger une dédicace à l’empereur sur le forum en 140. Mais ces tribus représentaient une force avec laquelle il fallait compter, surtout lorsqu’ une alliance ou une confédération se dessinait entre elles. Le dispositif militaire devait pouvoir faire face à une menace permanente, mais limitée.
Protégée par son enceinte et par les camps voisins, profitant des richesses de son arrière-pays, Volubilis a aussi bénéficié d’une politique diplomatique active. Le retrait de l’administration et des troupes vers 285 n’est sans doute pas dû à une aggravation de l’insécurité locale. Ce repli est général en Afrique du Nord, et consécutif aux difficultés de l’empire durant cette période. Volubilis, excentrée à l’intérieur des terres, était plus difficile et coûteuse à défendre que les cités côtières. Mais la ville était suffisamment organisée et prospère pour survivre plusieurs siècles à cet abandon.